Très tôt dans l’Église on préparait Pâques par une célébration du mystère Pascal durant 3 jours. Au IVème siècle, à Rome on connait une période de 3 semaines, puis vers la fin du IVème Siècle les 40 jours qui commençaient avec le Dimanche de la Quadragésime. Ce n’est que plus tard que seront ajoutés le Mercredi des Cendres et les jours qui suivent.
Pendant ce carême se trouvait être ce qu’on appelle les scrutins pour les candidats au Baptême (Catéchumènes) et pour les Chrétiens un temps afin de quitter toute forme d’individualisme, d’esprit de chapelle…, nous souvenant que nous sommes poussière et retournerons à la poussière avec l’imposition des Cendres. C’est là, que nous chantons le « Parce, Domine – Parce populo tuo : Pardonnes Seigneur, Pardonnes à ton peuple. »
C’est donc un temps de choix, de pérégrination tel le peuple Juif errant 40 ans dans le désert, ici le Christ 40 jours et 40 nuits dans le désert (Tentation) afin d’être tenté par le diable.
Il est ce temps où nous sommes appelés à nous conformer à la Croix afin de vaincre le mal (démon) et de rétablir l’équilibre dans le contact avec Dieu et l’unité avec le prochain. Et comme un seul et même temple de Dieu, nous entrons avec le Christ dans une dimension eschatologique.
Souvent perçu comme un temps d’austérité et de privations, mais en fait il nous prépare à un événement que nul homme n’aurait pu imaginer « Pâques et le Christ en sa Résurrection. »
François de Sales disait du Carême qu’il est « l’automne de notre vie spirituelle ». Saison pendant laquelle on recueille les fruits portés pour toute l’année – Ainsi avec Pâques sera celle du Renouveau.
Peut-être nous posons nous ou nous sommes-nous posés cette Question : de quoi vais-je me priver en cette période d’abondance – de gaspillage ? Le Carême est un appel pressant à changer de vie (Metanoia : conversion) pour grandir, tel le grain tombé en terre qui quitte son enveloppe, germe, grandit et produit un nouveau fruit.
Cette méthode d’Ascèse écrivait Theillard de Chardin « permet d’être plus présent à soi-même, plus disponible aux autres, plus ouvert et accueillant à l’Autre - Dieu. »
Il est un temps de renoncement pour un temps de prière qui doit nous ouvrir au dessein de Dieu sur nous-même (personnel).
C’est avec ce 1er Dimanche de Carême que commence ces 40 jours de jeûne pour Jésus dans le désert, ainsi libérant l’ancien Adam de son péché donnant au nouvel Adam en devenir force – Conscience éveillée.
Ce Carême pourrait être orienté en ces 3 activités : Prières et jeûne / Charité fraternelle / Aumône.
La prière nourrie de la Parole de Dieu et des psaumes doit aider en étant accompagnée d’un jeûne ; c’est une forme d’ascèse qui aide à se libérer du poids de la chair – Saint Augustin d’Hippone PL35 2363 disait : « Il n’y a aucun doute, le jeûne est utile : ainsi l’homme fait la preuve de ce qu’il veut obtenir de Dieu… d’où il est dit : la prière est bonne qui est accompagnée du jeûne (Tobie 12,8). Pour que la prière soit acceptée, elle doit être accompagnée du jeûne. »
Et toujours Saint Augustin dans un sermon sur le 1er Dimanche de Carême PL38-1041 rappelait aux fidèles : « pour que les prières parviennent jusqu’à Dieu, il faut leur donner les 2 rites : l’aumône et le jeûne. ». Saint Augustin lie ici l’humilité et la charité qui doivent être en nous et sur le pardon que nous devons faire aux autres – Faire le bien au lieu du mal – Alors nous recevrons le fruit de la paix, la paix intérieure : être en paix avec sa conscience.
Mais c’est avant tout un temps de prière qui va nourrir notre âme et lui apporter la lumière que cachait l’obscurité mise par tous nos manquements, nos indifférences, notre orgueil – La charité fraternelle est celle qui se traduit déjà par l’aumône et celle du pardon. « Ne cherchons pas à nous venger, nous qui supplions qu’on nous pardonne ». Léon le Grand sermon sur le Carême SC 49-77.
Ainsi, « La fête sacrée (Pâques), grâce au Pardon Divin et aux pardons humains, nous trouveras tous joyeux, tous irréprochables »
Oui, « brisons, bien-aimés, les motifs de discorde, les épines d’inimitié, que cessent les haines, que disparaissent les brouilles, que tous les membres du Christ se rencontrent dans l’unité de l’amour ». Léon le Grand sermon 3. SC49bis99 - Ce bel enseignement de Léon le Grand que nous souhaiterions voir s’accomplir dans notre pauvre monde, notre pauvre Europe celle de retrouver et de rester dans la Paix.
Dans le geste du pardon, il n’y a rien qui humilie le chrétien, l’humain ; l’homme est associé à une pars (partie) de la Puissance Divine laissant à Dieu le jugement. Voilà comment doit s’appliquer la vraie charité fraternelle. « Mettre fin à toutes vos haines contre vos frères » Saint Augustin Sermon 211 PL38.1054. Pour Saint Augustin, l’aumône jointe au pardon des offenses rend possible le contact avec Dieu dans la prière. Commentant le livre d’Isaïe 58,3 ; Saint Augustin enseigne que le pardon des offenses et l’aumône faite à l’indigent sont les deux actes de la prière.
Bien chers amis, pardonner c’est libérer nos âmes et laisser entrer la lumière qui apporte toute vie. Ouvrons notre cœur à l’amour incommensurable de Dieu.
Bon et Saint Carême
Père Varenne
Recteur Vieux Catholique des Hauts de France
bon travail bien référencé
Merci beaucoup pour cet enseignement instructif qui nous résume bien le temps du Carême.