Chères Sœurs, chers frères,
La Semaine Sainte est une invitation à descendre dans la profondeur de notre cœur pour y redécouvrir ce que nous sommes vraiment censés être. Mais cela comporte des risques, car ceux qui commencent vraiment à vivre à partir de leur cœur s'abandonnent à l'Esprit de Dieu. L’esprit nous transformera en personnes capables d'aimer. Si nous aimons de la manière qui nous est offerte, alors nous sommes authentiques et nous vivrons selon l'intention que Dieu a pour nous. Le risque, cependant, est que notre amour soit rejeté.
C'est exactement le drame qui se produit le Vendredi saint. Jésus sur la croix : c'est l'homme qui est profondément humilié et incompris dans son authenticité, dans ce qu'il est vraiment. Pourtant, cela n'empêche pas Jésus de continuer à aimer radicalement. "Père, pardonne-leur", prie-t-il sur la croix et, en une seule phrase, toute la situation change de sens (Luc, 23, 34). Jésus n'est plus la victime passive, mais il devient l'amant actif qui désamorce la malédiction de la croix en restant fidèle à sa vocation, à ce pour quoi il s'est fait homme. Même s'il meurt sur la croix, la croix n'a plus d'effet sur ce qu'il est vraiment. La croix ne détruit pas Jésus, au contraire. Et en ce sens, la résurrection de Jésus n'est pas une sorte d'option supplémentaire que Dieu ajoute à la vie de Jésus. Non : c'est l'émergence définitive de ce que Jésus était, est et demeure vraiment.
En Jésus, nous voyons à l'œuvre un Dieu qui ne se soucie pas des perspectives humaines et qui recherche radicalement l'authenticité et l'amour, jusqu'à la croix. Jésus nous montre que nous n'avons pas à nous laisser piéger par notre peur et notre honte. Même si notre vocation nous fait traverser une "vallée d'ombre et de mort", Dieu est et restera mon berger. "Voici mon serviteur, que je soutiens... J'ai mis mon esprit sur lui" (Ésaïe 42:1). C'est l'esprit de Dieu qui veut nous donner de l'espace pour la vérité de nos cœurs. Dieu m'appelle tel que je suis vraiment et m'invite à me donner à cela parce qu'avec "ce que je suis", Dieu veut aimer et enrichir la famille humaine. Telle est l'invitation joyeuse appelée "croire".
Que la Semaine du silence et la prochaine Pâques nous ancrent encore plus fortement dans cette "croyance" !
Bonnes fêtes de Pâques !
+Joris Vercammen,
Évêque délégué auprès de la Mission Vieille-Catholique en France et en Belgique francophone
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